CITOYEN CITOYENNETE
SIMMEL Déclaration droits de l'homme
et du citoyen Rousseau Durkheim division du travail vote droits civiques
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Rapport
à autrui et citoyenneté
Les auteurs de
la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen du 26
août 1789 Pour J.J.
Rousseau, dans Du Contrat social, en 1762, c’est
le contrat comme « forme d’association »entre les
hommes qui permet la vie commune. Pour Emile
Durkheim, plus d’un siècle plus tard, ce n’est
pas le contrat mais la division du travail, qui par l’interdépendance
qu’elle crée entre les individus, permet la cohésion sociale
et facilite les rapports entre les hommes. Le mot citoyenneté
est polysémique. D’un point de vue juridique il définit les
droits civiques d’un individu dans un pays, comme le droit
de vote, éligibilité mais aussi la possibilité d’accéder à la fonction
publique. D. Lochak dans
Comment définir la citoyenneté ? Etranger et citoyen,
en 1996, relève que la citoyenneté est un « statut
juridique conférant des droits et des obligations vis-à-vis de la
collectivité publique ». De nos jours, la citoyenneté peut
prendre un aspect plus social (via l'intégration), elle n’est
plus uniquement relative à la vie politique mais tient compte des
conditions d’existence des individus. La citoyenneté se confond
souvent avec la nationalité, même si on peut réfléchir à
une citoyenneté transnationale. La citoyenneté est inséparable de
la vie sociale, elle participe aux règles de bon fonctionnement
dans la communauté. Elle est liée aux rapports que les individus
établissent entre eux et de l’individu par rapport à l’Etat ou à
des groupes intermédiaires. Autrui est un autre, le prochain, et
dans le cas qui nous intéresse, il sera fait référence aux relations
entre les autochtones et les immigrés surtout dans le cas français
et depuis la Seconde guerre mondiale. La
citoyenneté donne-t-elle un sens commun aux rapports sociaux ? Nous cernerons
d’abord les différentes « facettes » de la citoyenneté
et les rapports sociaux qu’elle permet pour examiner ensuite une
citoyenneté plus sociale qui s’attache à prendre compte les difficultés
d’insertion des individus et des immigrés en particulier. Ans un texte de
1908, « Digressions sur l’étranger », Georg
Simmel décrit les relations entre l’étranger et la société
susceptible de l’accueillir. Pour Simmel (dialectique de
l'intériorité et de l'extériorité),
l’étranger est « la personne arrivée aujourd’hui et qui
restera demain ». L’obligation ou le désir de rester dans
le pays provoque, de facto, la naissance de relations entre
l’immigré et le pays. A la fin de l’article, Simmel mentionne :
« L’étranger est cependant membre du groupe et la cohésion
du groupe est déterminée par le rapport particulier qu’il entretient
avec cet élément ». Simmel nous montre ainsi l’importance
des rapports sociaux dans la communauté. Relations qui sont à la
base d’une nouvelle citoyenneté comme le décrit Catherine
Whitol de Wenden. Dans
son article de la revue : Hommes et Migrations, en 1996,
C. Whitol de Wenden aborde ce problème de la « nouvelle citoyenneté.
Une citoyenneté qui ne serait plus « purement représentative »,
mais « participative et collective », liée à une
implication effective dans la vie locale ». Cette « citoyenneté
de proximité », plus proche des individus, montre bien
le souci des pouvoirs publics, mais aussi des associations et des
acteurs eux-mêmes de nouer des relations plus étroites, basées sur
la volonté de vie commune. On désire abandonner la « tradition
assimilationniste » (voir l'évolution sémantique
du terme) pour créer une citoyenneté en devenir où chacun pourra
proposer son point de vue. Cette détermination est née des courants
franco-maghrébins de la seconde moitié des années quatre-vingt et
en particulier des associations comme France-plus qui souhaite
défendre et promouvoir les droits civiques. Ces mobilisations
politiques comme le définit F. Chazel dans un article : "
La mobilisation politique " de la Revue française de
science politique en 1975, sont de « nouvelles identifications »,
de « nouveaux engagements ». Les Jeunes issus de
l’immigration désirent avoir d’autres rapports avec leur
pays, rapports qui sont plus constructifs, ils définissent ainsi
une nouvelle citoyenneté. Le Haut Conseil à l’Intégration,
en 1990, mais aussi la Commission des Sages, en 1987 relative
au projet de réforme du Code de la nationalité, ont auditionné
les Jeunes issus de l’immigration pour écouter leurs projets. C. Whitol de Wenden,
définit la « nouvelle citoyenneté » comme une « citoyenneté
de résidence », c’est-à-dire que ce qui compte n’est plus
le rapport à la nationalité et à ses droits mais le lieu géographique
d’habitation. La résidence est la condition d’accès aux droits
et aux devoirs. Le fait d’habiter un endroit est créateur de
lieu social, de rapports avec l’environnement économique, politique
et social. Cette citoyenneté est aussi « participative »
mais les rapports avec l’Etat ne sont plus du haut vers le bas de
la hiérarchie mais c’est l’inverse, c’est une participation « par
le bas ». Cette citoyenneté a la volonté d’établir des
rapports de « négociation collective ». C.Whitol
de Wenden reconnaît aussi que cette nouvelle citoyenneté subit les
difficultés de rapprochement entre des mondes qui sont souvent lointains
comme le quartier, l’Etat ou l’Europe et l’espace local. Nous
avons vu que la citoyenneté pouvait revêtir plusieurs aspects, une
citoyenneté participative, collective, de proximité ou de résidence,
il serait intéressant d’exemplifier notamment dans le domaine de
l’immigration. Jocelyne
Cesari, dans un article : « Citoyenneté et
acte de vote des individus issus de l’immigration maghrébine »
retrace les mouvements des droits civiques.
Elle montre qu’un des premiers actes de passage à la citoyenneté
est l’inscription sur les listes électorales. Ce rite
est le premier rapport entre un individu issu de l’immigration et
l’accession à la citoyenneté. Il nécessite de faire des démarches
préalables et est souvent concomitant à l’obtention de la nationalité.
J. Cesari relève que les jeunes sont souvent distants vis-à-vis
des institutions politiques et que la démarche d’inscription
sur les listes électorales ne se fait pas. Les rapports administratifs,
qui sont à la base des rapports sociaux ne se font pas. Les jeunes
sont réticents et ont un « sentiment d’exclusion qui favorise
l’inertie et la passivité ». Cependant pour ceux qui sont
généralement plus âgés, l’accès à la citoyenneté civique est une
« volonté de rupture ». En effet, l’individu
ne souhaite plus être considéré comme
immigré ou « assisté et objet de la politique »,
mais comme citoyen à part entière ayant des droits et des devoirs.
Il veut ainsi établir de nouveaux rapports non plus d’assistance
ou d’entraide, mais les mêmes que les autres. L’accès à la citoyenneté
marque de nouveaux rapports avec autrui d’égal à égal. La
citoyenneté effacerait ainsi toutes différences, en particulier
dans la vie civique. C’est par exemple le cas pour l’association
France plus, relevé par J. Cesari, qui se présente comme une association
de « citoyens français d’origine maghrébine » et
non comme une association d’immigrés. Le mouvement associatif dans
le domaine de l’immigration nous montre bien que la citoyenneté
revendiquée est un moyen d’obtenir une égalité de rapports
avec autrui. J.
Cesari note aussi d’autres problèmes, le souci des individus issus
de l’immigration d’apparaître comme des « interlocuteurs
légitimes ». Ils refusent toute « immigritude ». la montée d’une opinion
raciste peut conduire ceux qui sont issus de l’immigration à s’inscrire
et à voter contre ces courants xénophobes. Quand le rapport
à autrui se « durcit », l’accès à la citoyenneté se fait
plus pressant. La citoyenneté est un enjeu, notamment face au
Front national. Les rapports sociaux
modifient la citoyenneté notamment pour ceux qui sont issus de l’immigration.
De plus, l’accès à la citoyenneté est une marque d’égalité dans
les rapports, les immigrés ne souhaitent pas être l’objet d’un enjeu
politique qui ne leur appartient pas. Dans Avis et
Rapports du conseil économique et social, en juillet 1996, on
peut relever trois types de citoyenneté. Une citoyenneté politique
rattachée à la dimension civique, vote et éligibilité en
particulier. Une citoyenneté territoriale qui concerne l’aménagement
du territoire national. Une citoyenneté économique, sociale
et culturelle qui s’intéresse aux « liens sociaux choisis
ou rendus nécessaires ». Cette dernière nous intéresse,
elle met en avant la nécessité de la réflexion pour redéfinir les
rapports aux autres dans une société en crise. C’est notamment le
cas en Europe. Comme le souligne
S. Milano dans Le Revenu
minimum garanti dans la CEE, le système européen combine trois
sources de droits : le travail qui permet de gagner
sa vie, la solidarité sociale et la citoyenneté.
La citoyenneté est le « pôle politique d’une protection
sociale » et permet à chaque membre de la Cité de vivre
dignement. Le revenu minimum d’existence (revenu minimum d’insertion
en France ou allocation de subsistance en Allemagne), permet de
garantir, même à la marge, à ses bénéficiaires, les moyens de subsistance.
Le RMI (revenu minimum d’insertion) est un droit à disposer
d’un minimum de ressources pour toute personne en état de besoin.
Le RMI donne droit à la couverture sociale et à l’allocation logement. Mais c’est aussi un
droit conditionnel, c’est-à-dire, qu’il implique d’accepter
une activité d’insertion sociale ou professionnelle. Le bénéficiaire
s’engage pour définir un projet d’insertion avec l’administration.
Pour en bénéficier, les étrangers doivent être titulaires d’une
carte de résidence d’au moins trois mois. Cet exemple montre
bien la volonté d’élargir les bases de la citoyenneté, elle n’est
plus seulement civique mais devient surtout sociale. Cette citoyenneté
sociale permet de construire et d’établir de nouveaux rapports avec
autrui, et avec les immigrés en particulier. Les Pouvoirs publics
veulent permettre à tous ceux qui sont dans le besoin de vivre avec
un minimum vital. Des rapports d’établissent entre l’Etat, les collectivités
locales et les « rmistes » en particulier. On constate
que la population immigrée est fortement touchée par ce problème. Le
Haut Conseil à l’Intégration publie en 1993 le résultat de
ses audiences et réflexions dans un ouvrage : L’Intégration
à la française. Il remarque, en particulier, qu’il faut « rendre
solidaires les différentes composantes ethniques et culturelles
de notre société ». Il montre bien par là la nécessité
de l’intégration dans notre société, mais aussi la volonté d’établir
des relations de solidarité entre les différentes communautés qui
s’installent dans la société. La citoyenneté purement civique ne
suffit plus, encore faut-il qu’elle soit mise en actes. Les rapports
avec les populations d’origine immigrée intègrent une dimension
plus sociale et notamment en faveur de ceux qui sont défavorisés. C’est la question
posée par D. Schnapper, dans
son livre en 1992 : L'Europe des immigrés, comment peut-on
accéder à l’ "exercice de la véritable citoyenneté démocratique"
dans disposer d’un minimum de revenus ? Par l’intermédiaire
des différentes allocations, l’Etat permet aux immigrés de
s’intégrer et d’établir des rapports d’égalité
avec les autres. Des relations s’établissent entre l’Etat
et let minorités et ces mêmes relations sont créatrices d’autres
relations entre les minorités et les autres groupes de la population. C’est notamment
le cas en ce qui concerne le DSQ (Développement social des
quartiers) créé par la Commission nationale pour le DSQ. Ces structures
de « concertation et de médiation dans les quartiers d’habitat
social », comme le souligne M.
Blanc dans le livre : Vie quotidienne et démocratie,
en 1994, permettent d’officialiser et de rendre possible la création
de relations entre les différents individus d’un quartier. La mise
en place d’une structure, d’une « petite » institution,
est une condition nécessaire, peut-être insuffisante, de création
de liens sociaux qui permettront l’exercice d’une véritable citoyenneté.
M. Blanc relève aussi un effet pervers de cette nouvelle structure,
c’est le passage d’une « concertation réelle »
à une « concertation idéale ». Les individus en
restent au niveau des conjectures sans passer à l’acte. Le
terme citoyenneté est difficile à définir, il recouvre différents
sens et peut être employé pour décrire des situations sociales diverses.
Néanmoins, nous voyons apparaître une citoyenneté qui ne serait
plus simplement civique rattachée aux droits et aux devoirs du citoyen mais aussi fortement
sociale. Cette citoyenneté qui dépasserait même le cadre national,
c’est notamment le cas en Europe, est créatrice de lien social.
Ces liens montrent la prise en compte de la reconnaissance d’autrui,
des rapports s’établissent entre les individus, les groupes ou communautés et les
Pouvoirs publics. |
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