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Chantal NICOLE-DRANCOURT Mesurer l’insertion professionnelle Revue française de sociologie, janvier-mars 1994, XXXV-1C.Nicole-Drancourt étudie une population de jeunes de milieux populaires face à la réalité économique. Elle montre la diversité et l’originalité des stratégies d’intégration traduites par des pratiques différentes. D’abord, C. Nicole-Drancourt s’interroge sur les enquêtes précédentes
par rapport aux méthodes utilisées, elle constate deux
approches : -l’approche structurelle explique l’insertion
par des facteurs causaux (sociaux, démographiques, économiques) ; -l’approche individualiste met en avant le comportement
des agents, leurs motivations pour « s’en sortir ». Elle analyse une population de 115 jeunes nés en 1960, habitant
Chalon-sur-Saône, dans une situation d’emploi défavorable au futur
incertain. Elle constate deux itinéraires : les itinéraires d’activité
continue (le chômage ne dépassant pas six mois) ; les itinéraires
d’activité précaire caractérisés par un fort chômage. C.
Nicole-Drancourt aboutit à une typologie de quatre groupes suivant
la durée du chômage et le sexe. 1 – « Les femmes
en insertion stable » Dès la fin de leurs études, ces jeunes femmes privilégient
la recherche d’emploi à toute autre occupation même familiale.
C. Nicole-Drancourt explique le rejet de la maternité par
ce besoin d’activité. Ces femmes construisent en permanence leur
sphère professionnelle et familiale, s’adaptant à la situation,
sachant saisir des opportunités d’emploi même peu valorisées.
Elles choisissent leur conjoint, « programment » les
naissances. Elle note qu’une situation favorable entraîne
des conditions de reproduction d’une même situation. 2 – « Les femmes
en insertion précaire » C.Nicole-Drancourt remarque que ces femmes cumulent en fin
de scolarité des échecs (sentimentaux, scolaires, identitaires).
Ces difficultés temporaires ne leur permettent pas à la fin des
études d’être bien disposées face au marché du travail. Prenant
un mauvais départ, elles ne seront pas dans une situation favorable
pour une recherche active d’emploi malgré une bonne volonté. Elles
ne surmontent pas leurs difficultés familiales. 3 – « Les hommes
et la stabilité d’emploi » Ils développent un fort rapport à l’activité, un besoin pressant
de travailler. Travailler est la norme sociale, c’est un
moyen de montrer son identité masculine. Si le rapport
à l’emploi est positif, l’homme développera une meilleure adaptation
professionnelle acceptant parfois des emplois précaires, qui lui
permettent d’acquérir la stabilité. 4
– « Les hommes et la précarité d’emploi » Les hommes en précarité
d’emploi s’identifient mal dans le travail. Ces jeunes même s’ils
possèdent un « savoir-faire », n’ont pas de « savoir-être » :
ils échouent devant un employeur potentiel, et ce sentiment négatif
s’accentue et se reproduit. Vers trente ans, ils cristallisent
leur énergie vers l’insertion professionnelle. Ils ont besoin
de cette expérience de vacuité pour comprendre le monde. C. Nicole-Drancourt propose de comprendre
l’insertion des jeunes à travers la logique de construction
des trajectoires. Elle note une propension à l’individualisation
des conduites. Ce qui compte le plus pour ces jeunes, c’est
la quête identitaire même envers l’engagement professionnel.
Les femmes ont du mal à gérer leur relation entre le monde professionnel
et la famille ; et pour les hommes, leur réalisation
passe par le travail. Néanmoins chacun développe sa stratégie
et il faut s’interroger sur les choix individuels et la formation
de son identité. |
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