FAMILLE TRAVAIL REPARTITION DES TACHES HOMME FEMME LES DIFFERENCES DE SEXE Solidarités mécanique/organique : transformation, division du travail conscience collective, cohésion sociale, renforcement /affaiblissement des rapports sociaux. groupe social, anomie, pauvreté, marginalité sociale, déviance, rôle des institutions (primaires, intermédiaires : familles, syndicats) cours de SES première terminale sciences économiques et sociales Emile DURKHEIM S'abonner à etschavernac sur Twitter

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L’articulation famille/travail a-t-elle changé pour les hommes et pour les femmes ?

L’emploi féminin continue de croître de nos jours. Peu nombreuses étaient celles qui se consacraient uniquement à leur travail après la Seconde guerre mondiale. Les femmes, la plupart du temps, alternaient des périodes d’activité  professionnelle et du travail à la maison pour s’occuper de leurs enfants. De nos jours, outre la volonté d’égalité revendiquée dans de nombreux domaines, elles rivalisent avec les hommes sur le marché de l’emploi. Malheureusement pour elles, en période de crise économique et avec un fort taux de chômage, les difficultés demeurent pour  trouver un emploi. Pourtant elles sont actuellement 11,5 millions à travailler et ces chiffres sont en augmentation, notamment par rapport à l’emploi masculin qui stagne. M. Maruani dans un article du Monde diplomatique, en septembre 1997, s’interroge sur la place des femmes dans notre société, surtout en période de difficultés économiques. Un fort taux de chômage ne légitime-t-il pas différentes inégalités et notamment l’idée que les femmes pourraient « retourner dans leur foyer » pour laisser la place aux hommes. Dans ces conditions comment peut-on penser l’évolution de l’articulation famille/travail ? Les schèmes de pensées ont-ils évolué ? Les valeurs culturelles de la femme à la maison et l’homme au travail ne sont-ils pas toujours présents dans les esprits ? Le « sur-chômage » des femmes ne montre -t-il pas le peu d’évolution dans ce domaine ? La multiplicité des contrats d’embauche (intérim, CDD, temps partiel,…), n’est-elle pas corrélative à une certaine précarisation ?

Pour répondre à ces questions, nous nous interrogerons sur les données démographiques de la population active, en faisant des comparaisons hommes/femmes pour nous intéresser ensuite à différentes variables qui peuvent influencer l’articulation famille/travail dont notamment le niveau de diplôme.

De 1982 à 1990, la population active française compte 150 000 femmes supplémentaires sur le marché du travail. Comme le remarquent Danielle Guillemot et Olivier Marchand, dans un article d’Economie et statistique de 1993, « 1982-1990 :La population active continue à croître »,  les femmes sont toujours contraintes d’obtenir un diplôme le plus élevé possible pour s’imposer dans le marché du travail. Le taux de scolarité est supérieur ou égal à celui des hommes avant l’âge de 23 ans. La proportion des femmes la plus importante dans les catégories socioprofessionnelles, en 1982 et 1990, (dates des deux recensements), est pour les employés, notamment pour le personnel des services directs aux particuliers. On remarque toujours un clivage entre les hommes et les femmes entre les différentes catégories. Néanmoins la population active féminine augmente entre les deux recensements de plus de 1,8 millions, se répartissant entre une croissance de l’emploi de 1,3 million et une croissance du chômage de 550 000 personnes.

Les auteurs de l’article remarquent que depuis 1982 en particulier des femmes ont toujours eu un taux d’activité élevé. L’articulation famille/travail serait donc toujours la même pour les femmes et pour les hommes. D’autant plus que les variables comme la situation familiale, l’âge, le milieu social ou le lieu de résidence, influencent peu le taux d’activité des femmes..

Cependant on peut remarquer des différences. Les femmes sans conjoint sont pratiquement aussi actives que les hommes, avec une légère diminution du taux d’activité quand elles sont en couple sans enfant ou avec un enfant. Pour les mères de famille avec deux ou trois enfants, on remarque des reprises d’activité en augmentation constante avec la moitié des mères en activité. L’autre moitié des mères restant à la maison pour élever les enfants. La filiation est une variable discriminante entre les hommes et les femmes. Même si on observe des taux d’activité en constante augmentation, force est de constater que la moitié des mères de deux ou trois enfants ne travaillent plus. L’articulation famille/travail pour les hommes et pour les femmes a évolué vers une plus grande participation des femmes au monde du travail mais elle n’est pas égalitaire. On note aussi des différences régionales qui tendent néanmoins à se rapprocher avec par exemple, pour la région Ile de France un fort taux d’activité féminine (dépendance des femmes des moyens de garde d’enfants plus importante en Ile de France).

Cette articulation famille /travail en fonction du sexe peut être étudiée aussi en fonction de l’âge. A 54 ans, le taux d’activité masculin est toujours très élevé, de l’ordre de 88 % par contre il chute beaucoup pour les femmes, il est de 59 %. On voit par là que l’activité féminine est  plus intense aux âges « centraux » de l’existence. En début de carrière, les jeunes femmes doivent « pousser » plus loin leurs études et elles prennent ou sont contraintes de prendre leur retraite plus tôt. Les dispositifs incitant aux cessations anticipées d’activité sont proposées aux hommes et aux femmes. Ces dernières peuvent bénéficier d’avantages supplémentaires en fonction du nombre d’enfants qu’elles ont eu, notamment pour les femmes fonctionnaires. Comme l’écrivent Guillemot et O. Marchand, en général, pour les femmes : « Ce sont les contraintes économiques qui déterminent ce prolongement de l'activité ». L’exemple des familles monoparentales montre l’obligation pour les femmes de prolonger leur activité professionnelle, même parfois au delà de l’âge légal. L’articulation famille :travail pour les hommes et pour les femmes doit être avancée en fonction de l’âge, des conditions de ressources, la situation familiale…

De même, au niveau des tâches ménagères dans la sphère privée on remarque une répartition sexiste des activités. On peut parler à ce propos de sexisme, c’est-à-dire d’une attitude de discrimination à l’égard du sexe féminin. Dans un article d’Economie et statistiques de 1990, « la division du travail domestique. Poids du passé et tensions au sein du couple », Bernard Zarn développe une analyse sur cette répartition des tâches. Il remarque que certaines tâches comme laver le linge sont réservées presque exclusivement aux femmes. « Ces tâches constituent un domaine encore quasi tabou pour les hommes… ». A l’opposé, certaines tâches comme couper du bois sont réservées aux  hommes. Bernard Zarn note que certaines activités sont « négociables ».. Même si, par exemple, faire la cuisine est une activité traditionnellement « féminine », elle peut faire l’objet d’un compromis entre les hommes et les femmes. L’articulation famille/travail peut montrer, à ce niveau là, une certaine évolution dans le couple.

C’est en effet l’activité féminine qui pour le couple a une meilleure répartition des tâches. Les hommes prennent davantage en charge « la vaisselle, les courses et la cuisine ». l’homme participe d’autant plus aux tâches domestiques que son épouse exerce une activité professionnelle. Emplois du temps montre qu’il n’y a pas totale inversion de la prise en charge des tâches domestiques quand l’homme ne travaille pas et que la femme est active.  Il lui reste toujours, au mieux, les tâches féminines et une partie des tâches négociables. De plus, comme le remarque Bernard Zarn, « l’inversion symbolique » complète ne se manifeste jamais quelle que soit le groupe social considéré. On observe toujours une prise en charge graduelle chez les hommes de la tâche typiquement masculine (laver la voiture) à la tâche féminine (raccommodage) en passant par les activités négociables (faire la vaisselle ou les courses). Cependant force est de constater, que l’activité féminine pousse à faire évoluer l’articulation famille/travail. En résumé, on peut dire que plus la femme travaille, moins la variable sexe devient discriminante. Dans un modèle idéal typique où le couple travaillerait à part égale, le travail domestique devient un objet de négociation.

Néanmoins, certaines catégories sociales comme le remarque Bernard Zarn, ont du mal à faire évoluer cette articulation famille/travail… C’est le cas, en particulier, pour les exploitants agricoles qui restent un « pôle de traditionalisme » et où la division du travail domestique est forte et sexuée. Les artisans, commerçants, chefs d’entreprise et professions libérales, se rattachent à ce groupe. On remarque que pour ces catégories socioprofessionnelles, la prise en charge des tâches domestiques est uniquement réservée aux femmes. Par contre, les salariés, en général et les cadres supérieurs en particulier qui constituent, selon Bernard Zarn « l’avant-garde progressiste » et réfléchissent en termes de temps disponible n’ont plus une vision archaïque de la femme au foyer. On peut affiner cette analyse, en prenant en compte les ascendants, le « modèle parental », le niveau de diplôme, l’activité de la mère de l’homme.

En ce qui concerne le niveau scolaire, ce qui est intéressant de constater, c’est que plus le niveau de diplôme est élevé, plus les rôles dans l’institution familiale se répartissent bien. Et si la femme a un niveau de diplôme supérieur à celui de son mari, plus celui-ci sera amené à prendre en charge des tâches féminines et négociables. L’articulation famille/travail a évolué pour les hommes et pour les femmes comme le montre l’enquête Emploi du temps de 1985-1986. Dans les relations qui s’instaurent entre le milieu familial et le monde professionnel, on constate que ce sont des changements extérieurs au foyer, exogènes d’une certaine manière, qui poussent à la novation et parfois au renversement des rôles sociaux. Bernard Zarn le remarque, les changements viennent « de la ville, de l’école et du monde du travail ». La famille devient de plus en plus une « famille-association » où la volonté est d’avoir une « équité sociétaire ». Les normes inscrites dans l’habitus des individus freinent l’évolution des comportements. Moins l’institution scolaire, par exemple, a structuré la personnalité, plus la résistance au changement est importante. De nombreuses variables peuvent modifier l’articulation famille/travail et il est difficile de dégager une cause structurante dominante.

Certains auteurs comme G. Desplanques voient un retard de calendrier dans le mariage parce que justement la fonction parentale va modifier les comportements à l’intérieur du couple. Comme si l’image symbolique de la famille avec enfants imposait des normes, des attitudes à l’intérieur du couple. Dans cette hypothèse, l’articulation famille/travail repose sur une base culturelle où la femme se doit de prendre en charge un certain nombre d’activités. Cette articulation ne peut évoluer que lentement parce que justement il faut changer de schèmes de pensées enracinés dans le temps et dans les pratiques sociales.

Ces façons de se conduire sont si fortes que les femmes, comme le montre F. Battagliola, refusent la maternité parce qu’elles comprennent qu’elles seront d’une certaine manière « dominées ». L’articulation famille/travail, dans ce cas, n’évolue que faiblement. Le système de valeurs « obère » les changements au sein de la famille.

Comme le souligne G. Desplanques dans la revue : Economie et statistiques, « Activité féminine et vie familiale », en 1993, le poids des charges familiales fait diminuer le taux d’activité de celles-ci. L’écart est fortement marqué entre les femmes sans enfant et les mères qui en ont trois. Dans les couples qui dédirent dès le départ avoir une famille nombreuse, 16 % des femmes n’ont jamais travaillé. La femme ne connaît pas le monde professionnel. Sa « fonction » est d’élever sa famille. Il faudrait s’interroger sur le choix d’une telle décision au sein du couple. Est-ce pour des raisons pratiques, économiques, culturelles… ? Dans ce cas l’articulation famille/travail ne peut guère connaître de changement. L’image stéréotypée de l’homme au travail, la femme au foyer, perdure.

A contrario, une mère seule travaille à 75 % pour les mères de trois enfants. Dans ce cas, la femme est obligée de concilier activité professionnelle et vie familiale. Aux deux extrêmes, famille monoparentale et femme renonçant à l’activité professionnelle, on peut s’intéresser u cas des femmes diplômées. En effet, d’après les données du recensement de la population, en 1990, les femmes diplômées pour concilier l’activité professionnelle, où elles trouvent une reconnaissance sociale, et maternité, réduisent leur progéniture. Les revenus du couple permettent aussi d’employer quelqu’un à la maison pour  s’occuper des enfants. On comprend, dans cet exemple, que la fratrie reste une contrainte, oblige à faire des choix, à limiter le nombre d’enfants. L’articulation famille/travail repose sur le nombre d’enfants dans la famille et la capacité (fonction du diplôme) à trouver un travail pour la femme. On peut en conclure à un changement dans l’articulation famille/travail, mais celui-ci ne peut se faire que par un renoncement (dans notre cas, avoir une famille nombreuse).

De cette enquête, il ressort aussi que les femmes peu diplômées se consacrent d’autant plus à leur vie familiale que la taille de la fratrie augmente. D’autres études comme celle de Didier  Bianchet et Sophie Pennec « Hausse de l’activité féminine. Quels biens avec l’évolution de la fécondité , » dans Economie et Statistique, en 1996, montre le parallélisme que l’on peut faire entre la moitié de l’activité professionnelle des femmes et la diminution de l’indicateur conjoncturel de fécondité. Les nouvelles valeurs, le changement culturel, une plus longue scolarité, une volonté d’indépendance, la conjoncture économique… poussent les femmes sur le marché du travail. Cependant l’envie d’une famille nombreuse demeure sans forcément voir la réalisation de ce projet. Une partie des familles arrive à concilier charge familiale et activité professionnelle, u ne autre partie ne le peut pas et doit donc diminuer sa descendance.

De plus, l’activité professionnelle des femmes peut se poursuivre si le niveau culturel des parents est élevé. En effet, comme le montre G. Desplanques dans un chapitre des Données sociales, de 1993, plus le « capital culturel » est fort, plus la socialisation est précoce, plus les parents mettent leurs enfants dans des crèches collectives. Les milieux populaires préfèrent et privilégient la garde à la maison. L’articulation famille/travail dans ce cas peut changer pour certaines catégories sociales. La formation, le diplôme, le capital culturel, l’habitat dans des centres urbains disposant de capacités d’accueil, favorisent l’activité féminine, sans refuser la constitution d’une famille.

L’emploi est une variable déterminante, c’est ce que montre notamment Margaret Maruani, « l’emploi féminin à l’ombre du chômage », dans a revue : Actes de la recgherche en sciences sociales, en 1996. La population active a augmenté entre 1975 et 1995 de 3,3 millions qui comprennent 85 % de femmes. L’activité professionnelle diminue fortement avec la venue du troisième enfant. Pour Margaret Maruani, le modèle dominant de nos jours n’est plus celui du « choix (travail ou famille) ni celui de l’alternance (travailler – s’arrêter – retravailler), mais celui du cumul ». Il y a entre hommes et femmes une « homogénéisation des comportements d’activité. Malgré cela, les taux de chômage féminin restent plus importants que ceux des hommes. C’est dans leur capacité à accéder à l’emploi que les femmes peuvent être motrices dans l’articulation famille/travail. Toute discrimination à leur égard porte la marque d’une domination masculine, donc d’une inertie dans les rapports hommes/femmes. Les chiffres du chômage des jeunes femmes montrent qu’une femme sur trois est au chômage contre un homme sur cinq. « Le chômage des jeunes, massivement, est un fait féminin ». En ayant des difficultés à trouver un emploi, les femmes témoignent de la persistance d’inégalités sociales. Les changements dans l’articulation famille/travail sont à nuancer et à minorer.

De plus, comme le remarque Margaret Maruani, la problématique du travail à temps partiel montre que celui-ci n’est pas forcément du « travail à temps réduit », mais un mi-temps imposé. Les femmes peuvent-elles s’opposer aux mi-temps ? Ont-elles d’autres alternatives que le choix entre un temps partiel ou le chômage ? Le temps partiel pour les femmes devient une « norme sociale ».

Dans ces conditions, l’articulation famille/travail reste la même pour certaines catégories de femmes (qui appartiennent à des classes sociales souvent défavorisées) ; l’emploi n’est pas choisi dans sa nature et dans ses conditions (durée) ; la famille quand elle se constitue incite la femme à s’occuper des enfants, il n’y a pas de compromis entre famille et travail.

L’emploi féminin et masculin se différencie sur de nombreuses variables. On note cependant une forte augmentation du taux d’activité professionnelle des femmes depuis plusieurs décennies. Quand les femmes désirent avoir des enfants, la nouvelle situation oblige parfois celles-ci à arrêter leur activité pour se consacrer à l’éducation des enfants. La réciproque est peu fréquente pour les hommes. La classe sociale, le niveau de diplôme, la socialisation,… déterminent l’attitude des femmes vis-à-vis de leur travail. On peut remarquer, par exemple, pour une femme diplômée, appartenant à une classe favorisée, une volonté de poursuivre son métier et concilier activité professionnelle et vie familiale. Dans ce cas, on peut dire que l’articulation famille/travail a changé pour les femmes et pour les hommes. En général, ces changements sont minimes.

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