© supercdi | accueil | plan

L'utilisation à des fins professionnelles ou commerciales de tout ou partie du site est interdite
accueil
plan
CDI
SES
photos
Web
Brico
Resto
philo

 

 

accueil
plan
CDI
SES
photos
Web
Brico
Resto
philo

 

 

 

QUEL REGARD LE SOCIOLOGUE PEUT-IL PORTER SUR LES CONFLITS ?

 

Introduction :

® les conflits font partie de la vie sociale, tous les groupes sociaux sont traversés par des conflits. Les conflits, lorsqu’ils donnent lieu à une mobilisation collective sont considérés comme une façon de manifester une opinion alternative à celle du vote. Cette façon a d’ailleurs longtemps été conçue comme illégitime et dangereuse pour l’ordre social et politique, le vote ayant été conçu comme un moyen de pacifier les relations sociales en permettant une expression pacifiée des opinions. A partir de cette première idée, on peut entrevoir une des pistes travaillées par les sociologues du conflit : quelle est leur rôle, quels sont leurs effets sur le fonctionnement des démocraties ou des groupes en général. C’est sur ce point que portera la deuxième partie du cours : les conflits doivent-ils forcément être pensés comme un risque pour le lien social ou au contraire comme un élément de ciment de la vie sociale ?

® deuxième angle d’attaque important pour les sociologues lorsqu’ils s’intéressent aux conflits : comment rendre compte de l’organisation de mobilisations collectives, de leur naissance, de leur développement et éventuellement de leur succès ou de leur échec. La plupart des études partent de l’idée, contraire au sens commun, qu’il ne suffit pas que les acteurs aient des causes de mécontentement pour qu’automatiquement ils organisent une action collective pour lutter contre une situation injuste. Cette perspective amène à distinguer les sources du conflit des formes prises par la mobilisation collective.

On peut distinguer grossièrement deux sources essentielles pour nourrir les conflits :

- Les facteurs objectifs : des situations d’inégalités, quelque soit les formes de l’inégalité sont sources potentielles de conflit, surtout dans une société qui, comme la notre, affiche comme une de ses valeurs centrales : l’égalité. Nous avons vu au chapitre précédent comment les sources de différenciation étaient multiples (inégale distribution des richesses matérielles, du prestige, du pouvoir…) mais que toutes débouchaient sur des formes de domination : domination économique, domination politique, domination appelée par Bourdieu " domination symbolique " (c'est-à-dire une domination qui apparaît comme légitime, y compris aux yeux de ceux qui la subissent, elle est le fait de ceux qui détiennent un fort "capital symbolique ", c'est-à-dire qu’ils disposent pour différentes raisons d’une certaine légitimité à être des dominants sur le plan culturel ou sur le plan économique ou les deux).

Pour l’ensemble des sociologues, ce qui est au cœur des conflits, c’est le partage inégal de ces différentes formes de richesses : partage des richesses matérielles (par exemple chez Marx), partage du pouvoir ou de l’autorité (chez Dahrendorf), partage du prestige (voir certaines analyses de Bourdieu sur les querelles entre universitaires ou entre critiques littéraires).

- L’existence de raisons objectives ne suffit pas à expliquer le déclenchement de conflits, il y a aussi une dimension subjective : c’est la perception que les individus ont des différentes formes d’inégalités qui importe… pour qu’un conflit éclate, il faut qu’ils développent une conscience de ces inégalités, perçues alors comme autant d’injustices qu’il s’agit de combattre. C’est ce qui expliquent que, même des groupes relativement privilégiés peuvent être traversés par des conflits, par exemple dans le cas où ils estiment ne pas bénéficier d’une reconnaissance suffisante.

- Cette dimension subjective ne se développe pas de façon mécanique : on est sorti d’un schéma simpliste :

inégalités® insatisfaction® conflit

C’est autour de cette idée qu’est articulée la première partie du cours : les sociologues ont tous développé l’idée selon laquelle certaines conditions doivent être remplies pour qu’une situation perçue comme injuste par les acteurs débouche sur une réelle mobilisation collective : la mobilisation, l’action collective n’ont rien de mécanique, d’automatique.

I. Toutes les situations perçues comme insatisfaisantes ne débouchent pas automatiquement sur une mobilisation collective (réussie)

A. L’apport de théories qui insistent sur le caractère incertain de la mobilisation

1. L’analyse d’Olson et le paradoxe de l’action collective

2. L’analyse d’Hirschmann et l’existence d’autres réactions possibles : exit, voice ou loyalty

B. Les facteurs qui peuvent aider à la mobilisation

1. Le type de groupe à mobiliser :
- Unité du groupe, forte identité collective, forte intégration, fort sentiment d’appartenance
- Les réseaux tissés par les membres du groupe

2. Le rôle des organisateurs et des portes-parole
-
Construction et renforcement des sentiments d’appartenance à travers la mobilisation, qui est aussi une forme de socialisation
-
Les risques de la délégation politique et de la remise de soi

C. La réussite de la mobilisation

Dépend bien entendu de la capacité à se mobiliser mais aussi d’autres facteurs,
- En particulier des " ressources " que le groupe peut mobiliser, ressources financières mais aussi capital social ou capital culturel. Le capital culturel par exemple peut être utile pour formuler un discours, des revendications qui soient audibles par les interlocuteurs, pouvoirs publics ou médias : disposer les mêmes codes, d’une certaine connivence culturelle peut être fort utile.
- Grand rôle des médias avec des mobilisations beaucoup plus médiatisées que les autres.

II. Les conséquences de ces mobilisations sur la vie des démocraties

Introduction : parallèle introduit avec Simmel sur la vie de couple : les conflits sont un élément essentiel d’intégration, de socialisation donc de création de lien social, contrairement à une idée reçue qui les perçoit comme une menace pour le bon fonctionnement des sociétés, de la même façon qu’il n’y a pas de société sans déviance, il n’y a pas de société ou de groupe sans conflit.

A. Une forme longtemps perçue comme illégitime de participation au débat démocratique

Genèse de la grève et de la manifestation : historiquement le droit de grève, le droit de se syndiquer, le droit de manifester sont apparus seulement à la fin du 19ème siècle, la jeune République se méfiait de ces formes d’expression des opinions perçues comme dangereuses pour l’ordre social mais aussi pour la démocratie

(cf travail sur les textes de Rosanvallon)

(travail d’analyse de la gravure l’urne ou le fusil , 1848, reproduite dans le Gallimard découvertes de Michel Offerlé sur l’invention du citoyen)

Aujourd’hui ces formes d’expression sont perçues comme plus légitimes mais sont facilement délégitimées au motif qu’une minorité, même agissante, n’a pas à faire pression sur les décisions qui sont prises (cf. Débats si on a le temps sur les sondages entre Champagne et Lancelot)…

Certaines catégories sociales manifestent peu encore aujourd’hui.

B. Le passage à une institutionnalisation des conflits

1. Aujourd’hui idée couramment admise que les mobilisations collectives participent au bon fonctionnement de la vie démocratique

Le développement d’autres formes d’expression de l’opinion que le vote est davantage admise. On reconnaît à ces mobilisations 3 vertus :

- Une plus grande transparence du débat démocratique : les décisions sont prises davantage au grand jour dans le jeu des négociations collectives avec des représentants des pouvoirs publics et pas dans le silence des cabinets ministériels

- La possibilité de faire émerger certains enjeux dans le débat public, qui sont ignorés des professionnels de la vie politique, trop éloignés de certaines réalités, en lien avec le processus de professionnalisation de la vie politique

- Refus d’une démocratie qui ne vivrait réellement qu’en période électorale, les citoyens plus éduqués manifestent une méfiance plus grande à l’égard des mécanismes de la représentation politique qui sont pourtant au fondement de la démocratie représentative.

2. Ce qui débouche dans certains cas sur l’institutionnalisation de certains conflits.