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ASILES d' Erwing GOFFMAN

 

1968, traduction par les Editions de Minuit

Titre de l’édition originale ASYLUMS (1961)

Etudes sur la condition sociale des malades mentaux et autres reclus

Présentation de Robert Castel

L’ECOLE  DE CHICAGO

-         G.H. MEAD ( 1863-1931), psychosociologue, L ’Esprit, le soi et la société, 1934
-         R.E. PARK (1864-1944)

« Ce que les sociologues doivent connaître avant tout est ce qui se passe derrière le visage des hommes, ce qui rend la vie de chacun morne ou palpitante ».

Le second souffle de l’école de Chicago, l’INTERACTIONNISME vers 1950, nouveau courant, élève de Park et Mead psychosociologue H. BLUMER (1969)

Sociologue du travail : E. C. HUGHES

Anthropologue : L. WARNER

Blumer crée le terme d’interactionnisme symbolique, Warner propose à Goffman une thèse d’étude d’une communauté dans une île de l’archipel des Shetland.

« Le but de la recherche est d’isoler et de fixer des pratiques régulières de ce que l’on appelle l’interaction face à face ... Il est préférable de concevoir l’interaction non comme une scène d’harmonie mais comme une disposition permettant de poursuivre une guerre froide ».

INTERACTIONNISME

Idée que la réalité sociale ne s’impose pas telle quelle aux individus mais qu’elle est en permanence modelée et reconstruite par eux à travers les processus d’interaction.

Privilégient les études monographiques fondées sur l’observation directe, in situ, et l’observation participante.

BECKER

« Les individus cherchent à ajuster mutuellement leurs lignes d’actions sur les actions des autres perçues ou attendues ».

L’Ecole de Chicago était contre les méthodes de la sociologie dominante (recueil de données à l’aide de questionnaire + exploitation statistique). « Quantitativistes »

LAZARSFELD, MERTON, PARSONS

Ils répondent à l’Ecole de Chicago

- La subjectivité de l’observateur
- Caractère non systématique des observateurs
- Défaut d’échantillonnage

Qui eux-mêmes tiennent compte de ces reproches pour améliorer la méthode de l’observation in situ, centrée sur le terrain.

GOFFMAN né le 11 juin 1922 à Mannville, dans l’Alberta, origine modeste, juive ukrainienne, il mesure 1,65 m, épouse une jeune fille de la haute société protestante, sensible, intelligent.

Ses parents, Max et Anne sont nés en Russie et s’installent à Dauphin (1ère colonies ukrainiennes du Manitoba),

-  en 44, à l’Université de Toronto,
-  en 45 à l’Université de Chicago, dans le département de sociologie,

Esprit taquin, souvent cruel, on l’appelle « little dagger » (petit poignard).

Goffman sera marqué par Everett HUGHES.

Hughes développe sa propre tradition, construire une sociologie des « occupations », comment les gagnent-ils et/ou remplissent-ils leur vie ?

Pour Hughes, utiliser le terme « profession », c’est entrer dans le jeu de ceux qu’on observe parce que c’est un « symbole d’une conception rêvée de son travail et dès lors de soi-même ». Il faut encore une fois, être sur le terrain, sinon avoir vécu soi-même dans la situation du « boulot » étudié.

-  Travail in vivo, l’observation participante

Assimilation de la démarche anthropologique,

Hughes : le sociologue doit être « l’ethnologue de son propre temps ».

-  Démarche ethnographique.

Les caractéristiques des institutions totalitaires

Goffman vit pendant un an au contact des malades mentaux à l’hôpital psychiatrique Sainte Elizabeth à Washington entre 1955/56 (7000 malades).

Il se laissera souvent enfermer la nuit dans l’hôpital pour vivre pleinement l’institution qu’il appellera TOTALE (ou TOTALITAIRE). Mais il ne cherche pas à tromper le personnel ou les patients sur son statut.

Il ne dissimule pas qu’il n’est pas un des malades mais il ne porte pas l’uniforme blanc du personnel, il est en tee-shirt, jeans et baskets, d’où une certaine ambiguïté (surtout quand il enlève ses baskets).

« Je suis rentré à l’hôpital dans le rôle d’un assistant du directeur des sports et, de ce rôle, dans celui d’une personne faisant une étude sur la vie communautaire et l’animation des patients ».

« Je me suis habillé comme un patient, j’ai mangé avec eux, et je les ai fréquentés . ».

Pendant un an, il va d’un pavillon à l’autre, sans but précis que celui d’« étudier d’aussi près que possible la faon dont le malade vivait subjectivement ses rapports avec l’environnement hospitalier ».

Goffman reprend la même démarche de sa thèse de doctorat :

-         vivre au sein d’une communauté, au rythme des événements quotidiens.

« Je ne me suis permis à aucun moment de prendre parti si peu que ce fût ».

« Et notre boulot, c’est de pénétrer au cœur de cette vie sociale, l’arrière-cour de l’hôpital psychiatrique. »

« J’ai étudié l’hôpital du point de vue du malade »

« A travers les yeux de quelqu’un qui ne pouvait pas voir grand chose,  n’étant pas malade… à travers les yeux de l’observateur ».

Il reconnaît des limites :

«  Décrire fidèlement la situation du malade, c’est nécessairement en proposer une vue partiale ».

« Je suis arrivé à l’hôpital sans grand respect pour la psychiatrie ».

Goffman définit une institution totalitaire (total institution) comme un « lieu de résidence et de travail où un grand nombre d’individus placés dans la même situation, coupés du monde extérieur … mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées ».

Définition des reclus = personnes enfermées dans un hôpital psychiatrique mais aussi une prison, un couvent, une école, un navire de guerre, une caserne,…

Isolement des personnes dans un univers claustral avec des hauts murs, barbelés, portes verrouillées,…

Dans une institution totalitaire, il y a :

-  une seule et même autorité
-  dans le même cadre : promiscuité totale
-  programme strict pour tout le monde, enchaînement des tâches, plan imposé,

Le reclus vit toujours à l’intérieur de l’établissement et a des rapports limités avec l’extérieur.

Le temps du reclus est à la disposition du personnel.

Goffman oppose vie communautaire (mangent et dorment dans le même lieu) à la vie de famille.

Les changements pour le patient :

-  changement culturel, acculturation

déculturation,  désadaptation, individu incapable de faire face aux situations de la vie quotidienne.

Notion de CARRIERE morale

Modification progressive, cérémonie d’admission, dépouillement,…

« De toutes les possessions, la plus chargée de sens est sans doute le nom dont la perte peut constituer une grave mutilation de la personnalité ».

Dégradation de l’image de soi, nudité imposée, promiscuité, absence de portes aux toilettes,…

Toujours quelqu’un susceptible de vous voir.

L’embrigadement, droit de sanction  des membres du personnel, perte d’autonomie : aliénation.

LES ADAPTATIONS SECONDAIRES 

Pour  obtenir des satisfactions interdites ou autorisées mais avec des moyens défendus :

-   les combines

« Le reclus y voit la preuve importante qu’il est encore son propre maître et qu’il dispose d’un certain pouvoir sur son milieu ». (le terme ajustement est parfois employé).

Goffman insiste surtout sur la « déculturation », perte des habitudes courantes exigées par la vie en société plus le fait de porter les stigmates de l’institution ‘à la sortie du reclus), séquelles de la réclusion, si besoin de travail.

« La libération survient en outre souvent au moment même où le reclus, enfin rompu aux ficelles de l’institution,… venait d’accéder aux privilèges… quitter les sommets de son petit monde pour le renvoyer aux bas fonds d’un univers plus vase ».

LE CONCEPT DE CARRIERE

Souvent utilisé dans l’entreprise,

Acception plus large : pour qualifier le contexte social dans lequel se déroule la vie de tout individu ou s’attache aux modifications durables.

Pour Goffman, il implique une ambiguïté :

« D’un côté, il s’applique à des significations intimes que chacun entretient précieusement et secrètement, image de soi et sentiment de sa propre identité ; de l’autre, il se réfère à la situation officielle de l’individu, à ses relations de droit, à son genre de vie et entre ainsi dans le cadre des relations sociales ».

Mouvement de va-et-vient du privé au public, du moi à l’environnement social, modifications d’identité, remodelage social, l’individu avant d’entrer dans l’hôpital

« Comportement anormal attribué au malade résulte pour une grande part, non de sa maladie, mais de la distance sociale qui sépare le malade de ceux qui le déclarent tem ».

La carrière du malade mental passe par trois phases :

1 – Période antérieure à l’entrée à l’hôpital « phase pré-hospitalière »

2 – Période de séjour « phase hospitalière »

3 – Période qui suit la sortie de l’hôpital, « phase post-hospitalière »

LA VIE CLANDESTINE D’UNE INSTITUTION TOTALITAIRE

« En franchissant le seuil de l’établissement, l’individu contracte l’obligation de prendre conscience de la situation, d’en accepter les orientations et de s’y conformer… il fonde de toute évidence son attitude envers l’établissement et implicitement la conception de lui-même que lui offre cet établissement ».

« Prescrire une activité, c’est prescrire un univers, se dérober à une prescription, ce peut être se soustraire à u ne identification ».

Organisation, institution impose : 1 contrainte + contrainte où l’être lui-même (obligation d’avoir tel trait de caractère) , les difficultés de la distinction, les adaptations secondaires, s’écarter du rôle que l’institution lui assigne,

Dans l’hôpital psychiatrique deux types principaux d’agents : le personnel et les reclus, les modes d’adaptation secondaires sont différents,

Le personnel emploie des malades comme jardiniers, garde d’enfants, pour faire les commissions, réparations…

Méthode de Goffman :

« Mettant mes observations en parallèle chaque fois que cela sera possible avec celles qui ont été faites dans d’autres types d’établissement … et je passerai donc librement de l’étude de cas à l’analyse comparative… »

Tout groupe possède un monde social. Quand 20 ou 30 individus sont forcés à vivre ensemble, ils ont vite un monde à eux, et  notre boulot c’est d’y pénétrer et de le décrire aussi finement que possible.

Objectivité : forme d’engagement, Asiles est écrit du point de vue des internés, à partir de leur cadre de référence.

Difficulté d’être à la fois du côté du « soignant » et du côté du « soigné » (du gardien et du gardé).

Goffman a fait une description prosaïque de l’existence à l’hôpital telle que la vivent les malades :

-         Comment ils mangent, dorment, travaillent, se procurent des privilèges, rapport de complicité entre malades et personnel

« l’existence journalière de quartiers dans le temps figé de la détention »

« pointillisme de l’observation » « description atomisante »

« la multitude des conduites apparemment dénuées de sens qu’il faut d’abord répertorier comme elles se présentent, par fragments brisés ».

L’institution représente l’unité réelle d’analyse.

« L’institution totalitaire représente toujours la figure monstrueuse de l’inhumanité… elle caricature la vie sociale normale… ».

« L’institution totalitaire et en effet à la fois un modèle réduit, une épave et une caricature de la société globale… ».

CONCLUSIONS 

Goffman est favorable aux méthodes qualitatives et à l’observation participante.

L’institution asilaire possède un objet doté d’une réalité sociale. Il a découvert qu’à côté du règlement officiel de l’asile et de son but thérapeutique : soigner les malades, s’était établie une organisation parallèle interne.

Pour assurer le fonctionnement de l’institution s’était créé (chez les malades et les gardiens), un ensemble de coutumes, de règles, de hiérarchies, plus réelles et efficaces que l’organigramme et les règlements affichés.

Goffman a construit l’objet sociologique : le système de relations à l’intérieur de l’asile. Système qu’il a pu généraliser à l’ensemble des institutions de ce type, caserne, internat, où interviennent les mêmes facteurs dans des situations comparables.

L’institution totale réalise un système d’interactions qui contribue à produire le LABEL malade mental. Les adaptations secondaires représentent pour l’individu le moyen de s’écarter du ROLE et du personnage que l’institution lui assigne.

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