Conférence de Jacques Piette lors du congrès de la FADBEN à Nice en avril 2005 médias communication TICE académie de Nice | ||||||||||
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Jacques PIETTE
Professeur de communication à l'université de Sherbrooke au Québec, a fait une conférence sur : " le nouvel environnement médiatique des Jeunes : quels enjeux pour l'éducation aux médias ? ". Cet exposé comprend trois parties : représentation, utilisation et appropriation des médias. Quelle est la perception des médias et en particulier d'Internet par les Jeunes ? Pour Jacques PIETTE, les résultats d'une étude menée dans plusieurs pays, montrent que les élèves ont un " enthousiasme sans fascination ". C'est pour eux, un outil de communication. Ils souhaitent la généralisation des usages par les nouveaux médias. Ils se montrent cependant, peu impressionnés par l'aspect technologique. L'ordinateur et le réseau font partie des " meubles ". Pour les Jeunes c'est une activité dont ils disent pouvoir se passer, du moins temporairement. " Ni enfer, ni paradis " comme le résume Jacques PIETTE ; les Jeunes perçoivent l'avancée technologique sans la trouver " révolutionnaire ". C'est pour eux un moyen de divertissement et de communication dans le groupe des pairs. Les travaux scolaires sont échangés par l'intermédiaire de la toile. La messagerie instantanée est largement plébiscitée (voir à ce propos le succès de MSN Messenger). On constate cependant l'utilisation de plusieurs outils de communication : Internet, téléphone portable, SMS, … Il y a peu de hiérarchisation, aucun outil n'est privilégié. Il s'agit de s'adapter à la situation du moment : établissement scolaire, travail à la maison, transports en commun, … Les Jeunes adultes se montrent toutefois prudents par rapport aux informations qui circulent sur Internet : " On peut faire confiance au réseau, qui n'est pas exempt de dangers " … Sentiment qui est partagé par leurs parents. Qui plus est, ces derniers se trouvent moins compétents dans l'usage que l'on peut faire des nouveaux médias. L'obstacle principal est moins la censure que le coût économique d'une lecture d'information par Internet. On constate un relativisme culturel concernant les nouveaux médias. Télévision, Internet, radio, … sont mis sur le même pied d'égalité. Si la presse écrite s'en sort mieux dans certaines catégories sociales, ce n'est pas le cas pour les Jeunes qui la lisent peu. Il serait cependant intéressant de mesurer l'impact de la presse gratuite (Métro, 20minutes, Sports, … en particulier) chez ces nouveaux lecteurs. Les Jeunes éprouvent le besoin d'être mieux préparés à l'utilisation d'Internet. Les programmes scolaires n'ont pas pris en compte une formation à l'usage des nouveaux médias. Les professeurs documentalistes ont un rôle important à jouer dans l'élaboration et la mise en pratique de ces futures instructions. La FADBEN Paris, en particulier, renouvelle sa demande de formation des enseignants documentalistes. Dans l'utilisation des nouveaux médias et d'Internet en particulier, différentes caractéristiques ressortent de l'étude dirigée par Jacques PIETTE. Tout d'abord, les Jeunes adultes ont une utilisation " modérée et raisonnable " d'Internet. L'excès dans ce domaine est minoritaire. L'âge est un facteur discriminant bien qu'il soit difficile de conclure ; les pratiques évoluent rapidement. Par contre le sexe n'apparaît pas comme facteur déterminant ; cependant on constate que les filles utilisent plus la messagerie instantanée et les garçons les jeux en réseaux. Les deux sexes confondus ont des pratiques communes : recherche d'informations, courrier électronique, achats en ligne, … Si la pratique d'Internet apparaît individuelle, elle n'est cependant pas la seule. Les Jeunes communiquent par écrans interposés, surtout entre eux, formant ainsi une communauté de pairs et dialogant peu cependant avec leurs aînés. Les parents sont sensibles à la nécessité d'encadrer ces pratiques et posent certaines limites. Ce qui n'apparaît pas quand on interroge leurs enfants qui se déclarent libres d'utiliser Internet. Ils n'hésitent pas à créer leur propre langage, souvent destructuré et appauvri, ils font des modifications de mots de passe, … Leurs connaissances informatiques leur permettent d'effacer toutes traces de visites de sites. Le " surf " sur Internet apparaît comme une " suite de lieux sans liens ". La culture du " zapping ", le manque de formation et d'information, ne permettent pas de construire une véritable relation basée sur la connaissance dans l'utilisation des nouveaux médias. L'appropriation d'Internet se fait à la maison et dans les établissements scolaires. On constate de grandes différences dans l'équipement des écoles même si elles ont tendance à s'atténuer. Les formations aux nouveaux médias et aux sciences de l'information sont peu répandues. Cette discipline n'a pas acquis un statut officiel. La recherche documentaire sur Internet n'est qu'un complément à un cours donné. Il n'y a pas d'enseignement de cette discipline pour elle-même. Or l'Education nationale ne pourra pas faire l 'économie d'une réflexion sur ce sujet. En conclusion, la puissance du réseau Internet, les différences entre pays, l'intérêt porté par nos élèves pour ce nouveau média de masse sont et seront l'objet d'enjeux importants. La communauté éducative doit réfléchir à de nouvelles formations, en association avec ceux qui font les sites ou mettent de l'information en ligne (sites, par exemple, des journaux d'information). La montée du phénomène des blogs en particulier montre que nous sommes souvent en retard et incapables de les intégrer à une démarche éducative. Des expériences existent, mais elles sont soient méconnues, soient non reconduites. Il faut repenser le système en prenant en compte ces avancées et les intégrer à une formation générale aux sciences de l'information. |
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