LE
TRESOR DE
CONQUES
"Célèbre étape médiévale pour
les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, Conques
a retrouvé depuis un siècle une véritable notoriété. L’importance
du patrimoine est certes remarquable – site, village,
abbaye, trésor – plus étonnante cependant, la permanence
de la vénération des reliques.
L’un de ces restes des saints, le
sommet du crâne de sainte Foy, adolescente chrétienne
martyrisée en 303 à Agen, est toujours enfermé dans une
exceptionnelle statue. Assise sur un trône, et couronnée,
la Majesté de sainte Foy, seul exemplaire conservé des
statues-reliquaires pré-romanes, fait du trésor de Conques
l’un des cinq grands trésors européens d’orfèvrerie médiévale.
Un
trésor
Le mot n’évoque pas seulement la richesse
matérielle et artistique des revêtements d’or et d’argent
doré, ornés de filigranes, de pierres gravées antiques,
de pierres taillées, de perles, d’émaux,… il témoigne
surtout de l’importance religieuse accordée au contenu
de ces coffrets de bois précieusement décorés. Toujours
affectés au culte, même s’ils sont devenus propriété de
la commune en 1905, ces objets participent régulièrement
à la liturgie catholique.
Conservé dans l’abbatiale jusqu’en
1875, le trésor est installé en 1911 dans l’actuelle local
construit pour l’abriter, sur l’emplacement de l’aile
sud du cloître. Sa présentation est totalement repensée
en 1953-1955.
Croix
processionnelle
Splendide ouvrage de la fin du Moyen
Age, cette croix a été réalisée par Pierre Frechrieu,
orfèvre de Villefranche-de-Rouergue, connu entre 1493
et 1512 (date de sa mort). Au revers, à la place de la
Vierge, une gracieuse silhouette de sainte Foy, toute
jeune fille aux longs cheveux bouclés. Le nœud de la croix
présente huit figurines d’apôtres sous des dais d’architecture
gothiques.
Grands
reliquaires jusqu’au XIIe siècle
La longue vitrine du mur nord présente
les plus anciens vestiges d’origine mérovingienne sur
deux tableaux-reliquaires, suivis des plus célèbres pièces
pré-romanes et romanes, et des grands reliquaires du XIIie
siècle. La mise en valeur, au centre, sur un piédestal,
de la châsse dite « de pépin », seul objet revêtu
d’or, souligne l’importance de ce tout petit reliquaire,
orné d’une Crucifixion, et lié au premier patronage du
monastère : le Saint Sauveur. A ses côtés, le A dit
« de Charlemagne » et la « Lanterne »
de Bégon témoignent de la période faste de l’abbaye, le
début du XIIe siècle.
1 – Reliquaire hexagonal
Regroupement de restes d’âges différents,
du VIIe au XIIe siècle. On remarque des rectangle d’orfèvrerie
cloisonnée mérovingienne, aux côté du bijou central, bordé
d’un cercle cloisonné de la même époque ; tout autour,
les plaques d’argent niellé sont datées de la fin du VIIIe
ou du début u Ixe siècle.
2 – Reliquaire pentagonal
Composition tardive (XVIe siècle)
de fragments d’orfèvrerie d’époques diverses, du VIIe
au XIII siècle. Les éléments les plus anciens sont :
la plaque cloisonnée (VIIe siècle), et les morceaux d’argent
doré, avec des rinceaux au repoussé, qui l’entourent
(IXe siècle).
3 – A dit « de Charlemagne »
Une inscription latine sur la tranche
d’un jambage indique que l’abbé Bégon III (1087-1107)
a fait faire ce reliquaire. On peut admirer, au revers,
un magnifique bijou composé de filigranes et de chatons
filigranés et émaillés, disposés en cercle autour d’une
intaille sur cornaline représentant une Victoire ailée
écrivant sur un bouclier.
4 – Châsse dite « de Pépin »
Remanié à plusieurs reprises, ce petit
reliquaire rassemble des éléments du IXe au XIe siècle,
avec des additions faites aux XIIe, XIIIe et XVIe siècles.
Parmi les vestiges les plus précieux, on doit noter les
émaux translucides, rouges ou verts, sur fond d’or (plaquettes
arrondies, à la face ou au revers), d’époque carolingienne,
d’autres émaux, bleus, blancs rouges sont opaques et cloisonnés,
aux ailes des oiseaux, au revers ; on les date du
XIe siècle.
5 – Plaque de la Crucifixion
En or pur, découverte en 1954 sur
la châsse dite « de pépin », cette plaque, bien
qu’incomplète, présente une parenté certaine avec l’art
wisigotique, ce qui permet de la datter de la fin du VIIIe
siècle.
6 – « Lanterne » de Bégon
L’inscription latine en grandes lettres
visibles à la base du toit de ce petit édifice cite l’abbé
Bégon III comme commanditaire de l’œuvre. En forme de
tombeau antique, ce reliquaire est décoré de médaillons
légendés qui exaltent le triomphe du Christ sur le Mal
et la Mort (Majestés divines). Le plus beau est celui
de Samson vainqueur du lion ; il est aussi plus récent
( 2e moitié du XIIe siècle).
7 – Reliquaire du Pape Pascal II
L’inscription de la base indique à la fois le commanditaire,
l’abbé Bégon III, et le donateur des reliques du Christ
et des saints, le Pape pascal II qui les a envoyées de
Rome en 1100.
8 – Vierge à l’enfant trônant
Sur les épaules de la Vierge, des
écussons émaillés portent des armoiries seigneuriales
non encore identifiées. Par aillleurs, on distingue dans
le pli des vêtements un poinçon d’orfèvre, peut être de
la ville de Flagnac (fin du XIIIe siècle).
9 – Triptyque-reliquaire
Tableau de la deuxième moitié du XIIIe
siècle, avec loges à reliques nombreuses, accompagnées
de l’inscription des noms des saints. On remarque ceux
de Saint Géraud d’Aurillac et de saint Priest de Clermont-Ferrand.
10 – Bras-reliquaire de saint Georges
Ce saint Georges est un moine de Conques,
devenu évêque de Lodève en 877, dont le bras droit est
mentionné sur une liste des reliques établie au XVII siècle.
La main est bénissante, à la façon occidentale. Le Christ
en croix, au bas de la manche, est déjà dessiné dans le
style gothique.
La Majesté de sainte Foy
Dans le prolongement du bâtiment élevé
en 1911, on a construit en 1953, une rotonde, tout exprès
pour la Majesté de sainte Foy. Rappelant par sa forme
aussi bien le temple païen que l’abside d’une église,
surélevée de quelques marches à l’intérieur, elle fut
conçue comme une sorte de « salle du trône ».
Dans le même esprit, elle est habillée d’un rideau de
velours, d’un rouge profond, une couleur puissante qui
évoque le sang du martyre et le triomphe de la foi.
Statue-reliquaire trônant IX-Xe siècle
Œuvre étonnante, la Majesté de sainte
Foy surprend par sa plastique : le corps disproportionné,
l’expression forte et hautaine du visage, la rutilance
de l’or des pierreries et des émaux, donnent un sentiment
d’étrangeté qui a souvent conduit à qualifier d’idole
ce reliquaire, qui est an réalité une icône, soit la figure
d’un saint dans la gloire du ciel, brillant miroir de
la lumière divine, la face tendue vers le Très Haut, sainte
Foy, triomphante de la mort, intercède pour les pèlerins
qui la prient.
Grossièrement taillée dans du bois
d’if, la statue s’arrête au cou, simple cylindre sur lequel
s’ajuste la tête creuse en or, découpée sur un buste antique
(Ive-Ve siècle). Le revêtement d’or estampé de fleurettes
(IXe siècle) a été embelli pendant des siècles de compositions
d’orfèvrerie. La couronne est ornée d’émaux cloisonnés
sur or (Xe siècle).
En raison de leur spéciale consécration,
les deux autels portatifs ont été isolés, chacun dans
une niche ; on les placés de part et d’autre de la
rotonde, tout près de la Majesté de sainte Foy, rappelant
ainsi la disposition ancienne dans l’église, où les reliquaires
étaient regroupés à l’autel du fond du chœur.
Autel portatif de l’abbé Bégon
Une longue inscription gravée sur
l’argent et rehaussée de nielle, posée sur la plaque de
porphyre, indique la date précise (26 juin 1100) à laquelle
Pons, évêque de Barbastro (Espagne), a fait don de cet
autel à l’abbé Bégon III ; des reliques de a croix
du Christ et de son tombeau y ont été déposées.
Sur les côtés sont gravés en buste, le Christ, la Vierge,
sainte Foy et dix-neuf autres saints, apôtres, évangélistes,
premiers martyrs et martyre (Cécile).
La sauvegarde du trésor
Le trésor de Conques aurait pu, comme
la plupart des autres trésors d’église en France, être
confisqué, par la Convention, en 1793, et fondu à la Monnaie
Nationale ; il fallait en effet de l’argent pour
mener la guerre, et sauver la « patrie en danger ».
C’est grâce au courage et à la ruse des habitants qui
cachèrent les reliques dans leurs maisons et leurs jardins,
puis les rapportèrent, que fut préservé cet inestimable
patrimoine..." Extraits
Allez
à Conques dans l'Aveyron !!!
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